| Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Le 3 septembre 1784, à 8 heures du matin, Me Vuillermod, notaire royal du baillage de Belley à la résidence d'Echallon se rend à Belledoux, sur la place publique, sur les réquisitions de sieur François Guinet curial des terres de Montanges y demeurant, tant en son nom qu'en qualité de tuteur des enfants de fut Benoît Guinet et Claude Guinet bourgeois demeurant en Belleydoux. C'est qu'une sentence à été rendue un mois plus tôt par le juge d'Echallon contre Claude Pierre fils de fut Grégoire Saint-Oyan, meunier demeurant audit Belleydoux, et Jean-Louis fils de fut Roland Mermet demeurant en Désertin paroisse de Choux au comté de Bourgogne, et que ces meuniers sont invités à se présenter au prix-fait (contrat) qui va être donné au rabais (enchères descendantes) pour des réparations à faire aux moulins et édifices dudit Belleydoux, et "les remettre dans l'état où ils étaient avant l'incendie de la nuit du 19 au 20 juillet dernier qui les a détruits". Mais à 13 heures ils ne s'étaient toujours pas présentés.
Avant de procéder à l'adjudication, le notaire rapporte les devis en maçonnerie, charpente, toiture et portes produits par les prudhommes experts, maîtres maçons et charpentier, Claude André Husson demeurant en Charix et Jean François Henriot maître maçon demeurant à Juteninge en Faucigny en Savoie, travaillant dans la paroisse de Belleydoux. Ils ont reconnu que :
"1° que les murs des dits moulins du côté de la rivière seront reconstruits à neuf, et auront 24 pieds de long sur 12 de hauteur non compris les fondations, et auront deux pieds et demi de talus réduits à deux pieds jusqu'à son élévation ;
2° que ceux du côté de bise seront reconstruits à neuf sur 12 pieds de longueur et sur 9 de hauteur non compris les fondations ; et les murs des quatre côtés seront garnis et recrépis en entier, lesquels experts ont déclaré que toute cette maçonnerie produit ensemble le superficiel de 11 toises et demie sans y comprendre le recrépissage des anciens murs ;
3° que la charpente des dits moulins sera faite à deux pans comme ci-devant, couverte à anselle, il est à propos d'y employer 12 chevrons de 23 pieds de longueur portant 6 pouces en queue (au petit bout), quatre pannes de 18 pieds de longueur portant 8 pouces en queue, quatre douzaines de lattes, quatre milliers anselles pour recouvrir le dit bâtiment, une porte de 5 pieds et demi de hauteur sur 3 de largeur, qui sera simple et placée du côté du vent dans le cadre en pierre qui se trouve placé dans l'ancien mur ;
4° il sera faite une galandure (sic) en plateaux du côté de la rivière sur le mur du même côté pour atteindre la pente du couvert dont il s'agit, de la longueur du dit mur ;
5° il sera aussi placé dans les dits moulins deux poutres pour porter les meules qui seront de 20 pieds de longueur portant 8 pouces en queue d'équarrissage ;
6° huit colonnes de 3 pieds et demi de longueur sur 8 pouces de largeur qui serviront pour porter les poutres qui supporteront les meules des dits moulins ;
7° huit bras de force pour soutenir les poutres qui supportent les meules des dits moulins qui auront environ deux pieds et demi de longueur sur 5 à 6 pouces d'équarrissage ;
8° quatre sommiers de 7 pieds de longueur sur 10 à 12 pouces d'équarrissage pour placer les dites meules ;
9° quatre autres sommiers de 7 pieds et demi de longueur aussi de la même épaisseur que les autres ; huit plateaux pour placer les mêmes meules qui auront 3 pouces d'épaisseur sur environ 5 pieds et demi de longueur et sur environ 8 pouces de largeur ;
[10° (article manquant ?)]
11° il sera employé une douzaine de planches pour faire le plancher des dits moulins ;
12° deux arbres de 15 pieds de longueur sur un pied carré pour porter les roues des dits moulins et les rendre tournantes ;
13° il sera employé deux arbres de 8 pieds de longueur sur environ 10 à 12 pouces d'équarrissage dans le battoir des dits moulins avec quatre plateaux de bois d'hêtre (sic) de 7 pieds de longueur sur 6 à 7 pieds carré ;
14° il sera aussi employé dans ledit battoir un arbre de 9 pieds de longueur sur environ 9 pouces carrés, plus un arbre de 8 pieds de longueur sur 6 pouces carrés qui servira pour faire tourner l'arbre dudit battoir avec la roue d'icelui qui aura environ quatre pieds de diamètre ;
15° il sera aussi fait une farinière (un coffre) de six pieds de longueur sur six pieds et demi de hauteur avec un couloir en bois sapin contenant environ 8 mesures de blé, et la largeur de la dite farinière sera aussi de deux pieds et demi ;
16° une planche de 16 pieds et demi de longueur sur 15 pouces de largeur et 15 lignes d'épaisseur qui sera pliée en cercle pour renfermer la dite meule et couverte par-dessus avec des planches ;
17° il sera fait un trépied en bois sapin de longueur convenable pour recevoir le dit couloir ;
18° il sera placé un tour qui servira à lever les meules des dits moulins".
Les requérants s'engagent à fournir les bois, la chaux, les ferrures, et "aussi un rouet avec sa lanterne tout fabriqué (bien assemblé) pour rendre le moulin tournant" comme encore les meules.
Les adjudicataires sont François Grobonnet, maître charpentier d'Injoux en Michaille, qui se charge de rendre un des moulins tournant pour le prix de 400 livres. Font aussi leurs propositions, Claude Joseph Alombert dit Patron, maître maçon et charpentier du Poizat, paroisse de Lalleyriat ; Jean François Ducret maître charpentier de Champfromier ; Claude André Husson maître charpentier de Charix ; Claude Savarin Me charpentier de Longefaus, paroisse de St Germain de Joux, et Jacques Pezet maître charpentier de Belleydoux.
Après l'enchère de Claude Savarin, personne ne s'est présenté pour diminuer son enchère, et il la remporte donc pour le prix de 291 livres 10 sols.
Source : AD 01, 3E13538, f° 260.
Communication : Jean Game, Les Amis des Moulins de l'Ain (AMA 01), pour la lecture et la transcription. Publication : Ghislain Lancel.
Première publication le 17 juin 2020. Dernière mise à jour de cette page, idem.